Projet aquaponique TA-2400: fiche signalétique

Les projets en aquaponie sont très diversifiés. Une newsletter du SMIDAP dresse un panorama intéressant.  Pour faciliter les comparaisons des systèmes familiaux, voici une présentation du projet  aquaponique « Truites aquaponiques » sous forme d’une fiche signalétique synthétique. Cette fiche, élaborée au cours de la première année du système ( juin 2018), est mise à jour au fur et à mesure des ajustements.

 Dernière mise à jour : 20/01/2020

Projet aquaponique

fiche signalétique : Schéma du projet aquaponique "truites aquaponiques"

Type de système aquaponique : familial
Emprise au sol : 60 m2 dont 30 m2 dédiés strictement à l’aquaponie.

Eau

Volume total eau du système : 3500 litres
Volume total des 2 bassins aquacoles : 2400 litres
Volume eau neuve par kg poisson produit : 200 litres (compensation evapo-transpiration  + suintements)
Débit eau recirculée par kg de poisson produit : 236 m3
Débit recirculée instantané : 27 litres minutes (0.66 bassin par heure)
Aération : 1 airlift par bassin avec pompe à air 3 m3/h par airlift; fonctionnement 15 mn par demi-heure.
pH eau :  7.8 à 8, extrêmement stable (kH = 10°)
Système de régulation de la température de l’eau :
géothermie avec eau de puits à  14° (maintien, si besoin,  au dessus de 8°C en hiver et en dessous de 21 °C en été.  100 à 200 heures de fonctionnement par an ). Pas indispensable compte tenu de l’inertie du sol et de l’isolation, mais confortable.

Partie aquacole du projet aquaponique

Nature : truites arc en ciel toute l’année
Chargement en Kg  par m3 :  testé à 20 Kg fin 2019  (Maximum prévu 20 kg )
Nourriture  : aliment truites du commerce Le Gouessant contenant des farines d’insectes ( Elevage de   vers de farine sur déchets de pain en cours pour nourrir les truites )
Indice de conversion (IC) : 1.17
Production nette de poissons par an : 52 Kg  en 2018; 60 kg en 2019.
Autres intrants : 0 oxygène; 0 antibiotique; 0 filtre UV

Partie cultures du projet aquaponique

Système de culture : avec support (graviers de carrière, diorite) avec 2 marées/heure
Surface des bassins de culture : 10 m2 avec 25 cm de profondeur
Type de cultures : tous légumes (choux, betteraves, radis, courgettes, tomates, concombres, laitues, chicorées, fraises, haricots, poireaux, navets, persil, basilic,…)
Traitement des carences : 50 cl chélate de Fe DTPA 6% tous les 7 à 15 jours, 500 g sulfate de potasse  dans l’eau 8 fois par an .
Production de légumes par an : Objectif 20 Kg/ m2 aquaponiques. Production réelle:  2018 : 10 kg/m2 aquaponique; 2019 :7kg/m2).

Serre

Surface totale de la serre : 50 m2  : 10 m2 (partie du projet aquaponie) +20 m2 (partie pleine terre) + 20 m2 (circulation, semis et élevages vers)
Effet bioclimatique : +5°  (écart de température  le matin en hiver/ température extérieure)  et +2° (écart de température l’après-midi en été les jours caniculaires)

Déchets

Endogènes (Fèces poissons et vers de farine ) : 100% compostés et épandus dans la serre ( pleine terre)
Exogènes  : valorisation des déchets de pain et de légumes pour alimenter des élevages de  vers de farine et vers de compost

Aliments truites

Granulés du commerce 43% protéines.
A partir de 2020, test avec un lot nourri avec vers de farines enrichis aux oméga 3 (diète graines de lin et microalgues contenant ARA, DHA et EPA) et un lot nourri avec granulés.

Energie

Consommation annuelle en Kwh : 438 kWh (30% circulation, 64% aération, 6% refroidissement).
Énergie par kg de poisson produit : 7.3 kWh .
Production sur site en Kwh : 0

Economie

Investissement total (aquaponie seulement) : 2300 € TTC (amortissement sur 10 ans = 230 €)
Coût de fonctionnement  (énergie, truitelles, aliment, graines, correcteurs de carences et divers intrants) : 250 € 
Chiffre d’affaire : 0
Résultat/an : 480 € de charge pour une contrepartie produit de 700 € (consommation familiale  de 50 kg de truites  estimés à 10€ et 100 kg de légumes estimés à 2€)

Travail

Temps total annuel : 240 H (estimé à la louche pour l’élevage des truites, des vers de farine, et la production végétale)
Astreinte journalière : 20 mn (5 mn truites et 15 mn vers de farine)
Tolérance à une absence totale : 15 jours au moins

21 Comments

  1. Florent

    Bonjour Jean-Claude. On me dit qu’utiliser une cuve IBC peut poser problème pour des truites à cause de sa forme carrée. Que les truites ne nagent pas en carré. Est-ce que c’est un retour d’expérience que vous avez rencontré ? Merci d’avance

    • jcgoudeau

      Bonjour Florent, je n’ai pas de retour d’expérience sur les cuves IBC, n’en ayant jamais utilisé. Le principal problème des cuve IBC est qu’il est impossible de les enterrer sans déformations dans la durée (plastique trop souple, sachant qu’il faut impérativement un contact étroit sol-plastique, donc supprimer l’armature). Si elles sont utilisées hors sol, il convient de les isoler avec un coffrage bois de 1.20 m de côté empli de mini billes de polystyrène. Au final un gros volume (à multiplier par 2 pour la gestion des lots de truite) qui finit par coûter cher en bois, isolant et électricité du refroidisseur. Donc pas trop adapté non plus en hors sol. Les configurations couramment utilisées en pisciculture sont les cuves rondes et les raceways rectangulaires. J’utilise des petits raceways (L:2m, l:0.75, P:0,85) Ces deux configurations facilitent l’évacuation des fèces, avec un petit avantage pour les cuves rondes. Effectivement, l’utilisation de l’espace par les poissons est meilleure lorsqu’il n’y a pas d’angles. Mais ceci n’empêche pas de produire du poisson. Au final, le plus gros problème avec les cuves IBC est l’impossibilité de les enterrer, combiné avec un volume d’eau important coûteux à refroidir en hors sol.

      • Florent

        Merci pour votre réponse ! Je compte enterrer la cuve et l’entourer de tôles ondulées pour éviter son effondrement. Et insérer un peu de terre entre la tôle et la cuve pour assurer le contact avec le sol. Vous pensez que la cuve sera trop isolée du sol?

        • jcgoudeau

          Au vu de nombreux témoignages constatant une déformation de la cuve IBC enterrée, ou bien une diminution des échanges thermiques entre sol et eau, je crains que vous soyez confronté au même problème dans 1 à deux ans. La tôle enterrée va s’oxyder. La terre introduite entre le plastique et la tôle va exercer une pression déformante sur le bas de la cuve, d’autant plus que l’on arrosera pour améliorer le contact sol-cuve-tôle. Si vous persistez dans cette idée, remplir d’abord la cuve avant de combler avec la terre.
          Je vous livre une idée (que je n’ai pas testée!): empaqueter la cuve IBC munie de son armature dans une bâche PVC assez épaisse (l’armature est donc située entre le plastique de la cuve et le plastique de la bâche) et enterrer le tout en sablant le fond du trou pour ne pas déchirer la bâche au remplissage. Remplir la cuve IBC. Puis combler le trou avec une terre sans cailloux. Et enfin remplir d’eau l’espace entre la cuve IBC et la bâche plastique. il est probable que l’armature compense la différence de pression entre terre et eau. D’autre part il y a une continuité thermique parfaite entre sol, bâche, eau d’enrobage, plastique de la cuve et eau du bassin. Veiller à isoler correctement le dessus de la cuve et les 30 cm périphériques pour éviter un transfert thermique via les barres d’aluminium.

          • Florent

            Ok merci pour votre réponse. La solution de la bâche me semble compliquée et risquée…

  2. Audigier

    Merci beaucoup pour toutes ces réponses,
    je pense faire qu’un seul bassin avec une seule taille de truite car se sera uniquement pour le plaisir pas pour l’élevage.
    Pour le bassin bio filtre, il faut que l’eau découle dans le grand bassin ? Via une pompe ou effet de trop plein ?
    J’ai pu lire que les billes d’argile créent du dépos, cela ne va pas nuire à la qualité de l’eau du bassin ?
    Merci

    • jcgoudeau

      Ecoulement gravitaire et retour vers le bassin à truites. (voir schéma)
      Pas ou peu de dépôt dans le biofiltre grâce au filtre installé en amont.
      Nettoyage du filtre une fois par an compte tenu du peu de truites.
      null

      • Maxence

        Merci pour votre schéma,
        Du coup voici à quoi ressemblerai mon bassin.
        Pour ce qui est du filtre à pression c’est un filtre UV 18 watts pour bassin jusqu’à 30000l. Concernant le filtre biologique, il doit être rempli entièrement de billes d’argiles ? Si vous pouvez me donner quelques proportions sur la relation eau/billes. Il vaut mieux des billes d’argiles que des graviers ?
        A la place de légumes, des plantes aquatiques pourront faire l’affaire ?
        Merci beaucoup

        • jcgoudeau

          Ok pour le schéma. Personnellement je rajouterai une pompe à air de 2500-3000 l de débit à 1.5 m de profondeur, alimentant un airlift dans le bassin.
          Compte tenu que vous n’exploiterez pas le biofiltre, n’importe quel substrat non calcaire fera l’affaire (graviers 6 – 15 mm pour béton par exemple).
          Remplir le Biofitre avec niveau d’eau à 1 à 2 cm sous le niveau supérieur des graviers. Ne pas remplir à ras bord en graviers pour conserver une marge avant débordement. Prévoir une seconde sortie vers le bassin au dessus du niveau des graviers pour garantir un retour de l’eau vers le bassin même en cas de colmatage du circuit (circuit de secours, inutilisé en fonctionnement normal).
          La taille du biofiltre est directement liée à la quantité de nourriture distribuée, et donc au volume de poissons. Pour votre projet, un biofiltre d’un m3 sera suffisant
          (1m x 2.5m x 0.4 m. Vous pourrez y aménager des zones avec eau affleurante pour y installer une faune aquatique. Des plantes aquatiques peuvent convenir sous réserve qu’elles couvrent la totalité du biofiltre pour ralentir son réchauffement estival.

          • Maxence

            Merci pour l’apport de vos connaissances ça m’aide beaucoup!
            Pour l’étanchéité du bassin vous conseillez quoi? Bâche ? Liner ? Béton hydrofuge ?
            J’aimerai faire sortir l’eau du bio filtre vers le bassin sous le niveau haut de l’eau pour avoir une pression assez importante avec un ou deux tuyaux, c’est réalisable niveau étanchéité ? Et comment ?

            Pour les plantes dans le bio filtre, elles n’ont pas besoin de terres pour pousser ? C’est possible pour elles se pousser dans des graviers ?

            J’ai vu sur votre site qu’il est possible de mettre un tuyaux par le biais de la gravité qui va du fond du bassin vers l’extérieur pour sortir des éléments plus ou moins grossiers du bassin ?
            J’aimerai mettre cela en pratique, le tuyau se dirigerai vers le bio filtre, en espérant que cela limite « l’encrassement » du filtre à pression. Si vous pouvez m’aiguiller sur cette pratique
            Merci

            • jcgoudeau

              Pour l’étanchéité du bassin, bâche PVC, bâche EPDM ou enduit hydrofuge, tout est possible. Dépend du budget, de la durée de vie souhaitée, de la technicité maîtrisée pour la pose.
              La circulation de l’eau entre deux compartiments, de façon étanche, utilise des passe-parois. il en existe différentes formes à choisir selon les besoins.
              Si l’eau est correctement aérée (pompe à air), les plantes prospèrent dans l’eau (sans medias= DWC) ou dans tout substrat inerte (billes d’argile, graviers) avec niveau d’eau constant.
              Le montage doit respecter la boucle: Bassin à poisons – Filtre à pression – Biofiltre – zone cultivée – Bassin à poisson. (biofiltre et zone cultivée peuvent se confondre si culture sur graviers ou billes d’argile). Il est hors de question d’envoyer les excréments dans le biofiltre ou la zone cultivée.

          • Maxence

            Du coup, les excréments des truites doivent être récupérés uniquement par le filtre à pression ?

            • jcgoudeau

              Oui, c’est le rôle du filtre (à pression ou gravitaire) de collecter les excréments solides. Ce filtre peut être peuplé de vers de compost ou d’aselles qui diminuent la fréquence de nettoyage. L’eau débarrassée des particules solides ne contient que des éléments solubles comme l’ammoniaque que les bactéries vont transformer en nitrites puis en nitrates. On y trouve également de nombreux autre éléments solubles (phosphore, potassium,calcium, magnésium, oligo éléments) directement assimilable par les plantes.

  3. Audigier

    Bonjour,
    J’ai projet de faire un bassin de 3000 l avec quelques truites, j’ai pris une pompe et filtration pour bassin de 15000 litres pour avoir une eau propre et assez oxygénée. Le bassin sera toute la journée ombragé car l’été il fait très chaud (Sud France). J’aimerai avoir conseil sur l’évacuation des déchets des truites. Dans l’idée j’ai pensé à faire une légère pente au fond du bassin et mettre la pompe au fond de cette pente pour envoyer l’eau dans un deuxième petit bassin qui serait composé de plantes aquatiques. Mes questions sont donc : est-ce que les plantes vont consommer les déchets ? Quelle taille et profondeur pour le deuxième bassin ? L’idée est elle bonne ? Comment relier tout ça avec la filtration et la pompe ? Enfin, avez vous une idée pour refroidir l’eau l’été ? Sans acheter quoi que ce soit, je pensais à faire une mettre un cuve assez profonde sous terre mais je sais pas si réellement ça va marcher et comment accorder tout ça sans acheter de pompe supplémentaire.
    D’avance merci,
    Maxence

    • jcgoudeau

      Bonjour, si j’ai bien compris votre priorité est un élevage de truites, la production végétale -(légumes) étant accessoire. Dans ce cas, il n’y aura pas de contraintes de chargement en poissons (en poids par m3).
      1- Vous serez confronté à un problème de gestion de lot avec un seul bassin : pas possible de rajouter des truites de 50 g avec des truites d’1.5 kg ! Deux bassins facilitent grandement la gestion.
      2 – Des choix imposés par les exigences thermiques. Il n’est pas certain que vous puissiez faire l’impasse sur un équipement de refroidissement (refroidisseur ou géothermie). Mais une installation bien conçue, permet de limiter le temps de fonctionnement de ces équipements. Donc privilégier un bassin le plus profond possible (au moins 1.5 m, voire 2m), totalement enterré et couvert avec une surface exposée à l’air la plus petite possible. La truite n’a besoin que de très peu de lumière.
      3 – La pompe au fond du bassin combinée avec le mouvement des poissons évacuera les déchets solides via le filtre sous pression. Une légère pente aidera à l’évacuation. Eviter surtout la contrepente. Il sera prudent de rajouter un interrupteur flotteur pour éviter que le bassin ne se vide complètement en cas de fuite.
      4 – L’eau qui sort du filtre est chargée en ammoniac. Il convient donc de la diriger vers un filtre biologique qui héberge les bactéries qui vont transformer cet ammoniac en nitrites puis nitrates. Les nitrates sont quasi inoffensifs pour les truites et des plantes pourront en extraire une partie pour éviter l’accumulation à des doses excessives. A défaut un changement d’eau partiel une ou deux fois l’an peut faire l’affaire. Le biofiltre doit être également être enterré : vous pouvez opter pour un biofiltre profond de 500 litres aéré avec un airlift et rempli de billes d’argiles. Ou bien, mais moins bien du point de vue thermique, pour un bac de 40 cm de profondeur rempli de billes d’argiles.
      5 – Planter le biofiltre en légumes ou autre végétal pour extraire une partie des nitrates. Puisque la production végétale n’est pas votre objectif, vous pouvez installer le biofiltre également à l’ombre. Cela diminuera le transfert d’énergie thermique venant du soleil vers l’eau.
      6 – Dans tous les cas prévoir une pompe à air pour aérer l’eau du bassin. (3000 /h à 1.5 m de profondeur)
      7- pour parfaire l’isolation, isoler les 25 premiers cm du bassin et du biofiltre avec 10 cm de styrodur.

  4. arnaud

    Toujours aussi complet ! Bravo !
    Où en êtes vous sur la recherche des micro algues riche en epa dha ? disponibilité notamment et variétés d’eau douce…
    De mon côté je suis en pleine élaboration d’un projet pro avec élevage de mouche soldat associé et méthanisation anaérobie : bio valorisation des déchets de poissons et biosynthèse dha epa par les larves…)
    Bien à vous !
    Arnaud

    • jcgoudeau

      Bonjour,
      J’ai mis en attente le projet micro algue pour EPA et DHA. Je n’arrive tout simplement pas à produire la quantité de vers de farine voulue. Au mieux je suis à 70 g /jour quand il en faudrait 300. Et au moins bien, à 20 g par jour, quand des maladies s’invitent dans l’élevage de vers. Je commence également à regarder du côté de la mouche soldat noir. Je ne reprendrai le travail sur les microalgues qu’après avoir maîtrisé la production d’insectes et je vois que c’est beaucoup plus compliqué que prévu.
      Qu’entendez vous par biosynthèse EPA DHA par les larves?

      • Anonyme

        Ok. Je voulais dire bioaccumulation. En gros voir si les larves de mouches soldats sont capable d’accumuler des quantités suffisantes de DHA EPA par ingestion de déchets de poissons. De récentes études prometteuses montre que cela serait le cas dans le cas d’absorption de micros algues.
        La piste méthanisation anaérobie est une pure spéculation, je n’ai pas assez de connaissances à ce sujet mais par contre pourrait générer des sources d’énergie intéressantes pour chauffer des installations par exemple.
        Dernière chose, savait vous pourquoi il est quasiment impossible de se procurer Schyzochitrium sp et Isochrysis ? histoire de brevets ?
        Bonne continuation !

  5. Boris

    Bonjour,
    Félicitations pour ce projet ! Très intéressant et impatient de voir la suite ! Bravo !

    • jcgoudeau

      Merci Boris.

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