Le pire, dans une installation d’aquaponie , c’est l’arrêt de la circulation de l’eau qui provoque une mortalité des poissons. Ceci est d’autant plus redoutable lorsque l’on élève des truites puisque 100% peuvent mourir en moins d’une nuit. Trois incidents peuvent conduire à la catastrophe : les pertes d’eau, les coupures d’électricité et une pompe en panne . Bilan d’expériences personnelles, enrichies de discussions avec Guillaume Beucher, formateur expérimenté d’Aquaponia.
Repérer toutes les causes possibles de pertes d’eau
Lorsque le système perd de l’eau, les siphons et pompes fonctionnent mal ou plus du tout. Il faut donc détecter par avance toutes les possibilités de pertes d’eau, autres que l’évapotranspiration. En premier viennent les fuites au niveau des raccords, ou des passe- parois, ou bien un trou dans la bâche ou des parois poreuses. Puis se rajoutent les risques liés à des mouvements de tuyaux par déboîtage ou basculement. Par exemple un chat qui vient boire à la sortie d’un tuyau et qui fait basculer le tuyau en s’appuyant dessus ! Ces risques sont d’autant plus élevés au démarrage d’un système, puisque les assemblages sont rarement collés pour pouvoir les modifier si besoin. Enfin les colmatages de tuyaux peuvent créer des débordements.
Des trop-pleins de sécurité sont une bonne précaution. Ils prennent le relais en cas de débordements et maintiennent la circulation de l’eau. Et tout éventuel mouvement de tuyau doit être bloqué par collage, ou par tout autre moyen adapté au contexte.
Prévenir la mortalité des truites liée à une coupure de courant
Les récentes tempêtes et chutes de neige de fin 2019 ont provoqué des coupures de courant dans certaines régions de France. L’électricité pour de nombreux foyers n’a été rétablie qu’au bout de 24 heures, voire bien davantage. Imaginez une installation aquaponique dans ces zones ! Or il est possible de se protéger avec un groupe électrogène. Car pour moins de 100 €, on trouve de petits groupes qui délivrent une puissance de 700 watts. Ce qui est largement suffisant pour les quelques dizaines de watts d’une installation aquaponique.
Mais détenir un groupe « au cas où » n’est pas une précaution suffisante. Le groupe présenté sur la photo est neuf. Il a tourné seulement 10 mn après l’achat il y a 10 ans. Je l’ai ressorti avant la tempête Amélie pour être prêt à intervenir si besoin. S’il a démarré au quart de tour, le groupe délivrait 20 volts au lieu des 220 attendus. C’est le condensateur de régulation qui avait séché et qu’il a fallu remplacer. Guillaume Beucher recommande de démarrer et tester le groupe au moins 1 fois tous les 6 mois pour éviter ce genre de mésaventure.
Détenir un groupe électrogène « opérationnel » n’est toujours pas suffisant. En effet, il faut être prévenu à temps de l’absence de courant. Pour ce faire, il existe une prise GSM qui envoie un SMS sur des téléphones portables en cas de coupure de courant. L’appareil SIMPAL-T2 coûte 60 € TTC et fonctionne avec une carte SIM pour une consommation minimale de 1.5 € par mois.
Donc, il est possible de se protéger efficacement contre les coupures de courant avec un investissement initial d’environ 150€ TTC et un coût de fonctionnement annuel de 18 €. Ce qui en fait une solution adaptée dans un dispositif aquaponique familial. Un professionnel pourrait opter pour un démarrage automatique du groupe en cas de coupure de courant, mais nous quittons alors le champ d’une aquaponie « low tech ».
Anticiper la fatidique panne de pompe
L’arrêt de la pompe peut également être provoqué par une panne. Pour résoudre le problème, il est prudent de détenir par avance une pompe neuve qui peut remplacer instantanément la pompe en panne.
Comme pour les coupures d’électricité, une alerte sur l’arrêt d’écoulement de l’eau permet d’intervenir à temps en cas de panne. Le CML2255 de Mobeye peut répondre à ce besoin. Mais il est coûteux, proche de 300€. La solution à faible technologie passe par une carte arduino UNO, un shield GPRS SIM900 et un capteur de débit. En y rajoutant une sonde de température, nous obtenons un système qui envoie des SMS en cas de coupures de courant, d’arrêts d’écoulement d’eau ou de dépassements de seuils de températures. Cet équipement coûte environ 90 € en investissement et 18 € de fonctionnement annuel. Il peut donc se substituer avantageusement au SIMPAL-T2 déjà cité.
Autres risques de mortalité accidentelle des poissons, faciles à maîtriser
Les truites peuvent sauter hors du bassin d’élevage. Un filet ou un grillage protège de ce risque. Par ailleurs, il faut contrôler les dépassements de températures extrêmes. Ce qui suppose une surveillance continue de cette température. Mais la relative lenteur des réchauffements ou refroidissements de l’eau autorise une surveillance manuelle avant mortalité. Le SIMPAL-T2 ou le dispositif à base d’Arduino disposent toutefois d’une sonde externe qui peut faire ce travail de surveillance. De plus, il faut éviter toute introduction de produits toxiques dans le système, ou toute possibilité d’introduction involontaire. Enfin, le circuit électrique aquaponique doit être protégé par un disjoncteur différentiel 30 mA. Ce qui supprime le risque de mortalité par électrocution des poissons…et des personnes.
NB : Cet article ne traite pas de la mortalité par maladie faisant suite à de mauvaises conditions d’élevage ou à l’introduction de truitelles porteuses d’agents pathogènes. Il se limite à la mortalité accidentelle.
Bonjour,
J’ai fait un système dans lequel l’eau des truites déborde et la pompe est dans le bac à plantes
Cependant de la vase se dépose dans le fond
Que faire ?
Bonjour,
merci de préciser le problème:
– volume, dimension du bassin à truites; poids de truites élevé dans le bassin. Quantité de nourriture distribuée par jour?
– l’eau déborde par gravité: via un tuyau? A quelle profondeur l’embouchure du tuyau se trouve t-elle par rapport au fond du bassin? Diamètre du tuyau ? débit estimé?
– de la vase se dépose dans le fond : du bassin à truites ou du bac de culture?
J’ai à peu près 2 kg de truites et je distribue 1%,
Le bac fait 500 l et le radeau de culture 500l aussi
La vase se dépose dans le bac à truites
L’eau déborde via un tuyaux à un débit de 3000 l heures je pense (comme l’arrivée d’eau fait cette puissance)
La sortie d’eau se fait par un trop plein à 10cm de profondeur du haut de la cuve
Merci beaucoup pour votre temps et votre super blog
Avec seulement 4 kg de truites au m3 et 1% de nourriture par jour, la production de boue par jour est peu importante. Elle sera donc facile à évacuer.
Le débit sortant d’environ 3 m3 par heure est largement suffisant pour nettoyer le bassin à truite.
Le problème vient du tuyau de débordement qui ne plonge pas assez dans le bassin. Il faut le rallonger de telle sorte qu’il soit à 2 à 3 cm du fond. Ainsi les truites avec leurs mouvements remettent en suspension la boue du fond qui est alors petit à petit aspirée par le tuyau d’évacuation.
Pour plus de détails, voir cet article : https://www.truitesaquaponiques.com/2018/09/22/bassin-auto-nettoyant-aquaponie/
NB1 : prévoir un filtre mécanique efficace pour capter ces boues afin qu’elles ne colmatent pas le bac de culture.
NB2 : percer le tuyau d’évacuation au point le plus haut (8 mm) pour être certain que l’évacuation se fait par surverse et non pas par siphonnage.
Merci beaucoup pour votre temps je vais régler ça
Bonjour Jean-Claude.
Article top et utile 😉
Pour l’arrêt des pompes, c’est encor plus vrais en été avec les chaleurs. Pour moi c’est le plus critique et le plus stressant. En quelques heures ça peu être la cata …
Moi j’ai divers capteurs et alarmes pour prévenir. Mais l’absence pour les congés et le plus dangereux.
Au plaisir
Merci pour ce bel article qui saura éveiller l’attention de plus d’une personne et évitera la catastrophe que tout le monde redoute lorsqu’on élève des poissons !
Bonne continuation !
Hello,
Merci pour cet article bien utile!
Mon expérience est un débordement parce que la crépine du tuyaux de circulation était bouchée. Résultat : l’eau déborde du bac a poissons n’importe où et le puits se vide, ce qui fait que l’eau n’arrive plus aux poissons.
J’ai mis des crépine plus grandes (qui se bouche moins vite) et ajouté un trop plein.
Vincent