Nombre de truites dans une installation d’aquaponie?

Quel nombre de truites doit-on nourrir pour conserver un système aquaponique en équilibre ?  Comment gérer cette population de truites tout au long d’une année ? Répondre à ces questions nécessite d’abord un  calcul théorique par site.  Ce qui permettra par la suite  de  confronter la théorie à la pratique. Cet article présente les calculs théoriques.

Mise à jour le 23/07/2021 – Rajout du dernier paragraphe

Déterminer les besoins en nitrates pour nourrir les plantes

Les laitues absorbent les nitrates contenus dans l’eau  grâce aux racines. Il faut fournir une quantité de nitrates supérieure aux prélèvements des racines pour tenir compte d’exigences  complémentaires. Lesquelles sont  difficilement modélisables dans les systèmes d’aquaponie sur substrat de graviers :  présence de plantes plus exigeantes, dénitrification, croissance des bactéries, multiplication des vers de terre. A partir des calculs appliqués au site,  il faut produire 50 grammes de nitrates par jour. Voire 75 g avec des cultures plus exigeantes.

Déterminer la quantité d’aliment à distribuer  pour obtenir 50 g de nitrates par jour au printemps

L’aliment distribué aux truites en 2017-2018 est un granulé de la société Le Gouessant . Les calculs pour le site aboutissent à une quantité de   265 g d’aliment SALMO 19-25 à distribuer par jour au printemps et en été. Jusqu’à 400 g avec les cultures très exigeantes.

Déterminer le nombre de truites nécessaire tout au long de l’année

Le rationnement, pour un aliment donné, dépend du poids des poissons et de la température de l’eau. Le modèle utilisé pour  simuler la croissance des truites est celui d’Arnaud Muller-Feuga. Ce modèle est construit sur 3 paramètres :
– le poids frais et la fonction somatique;
– la température de l’eau et la fonction thermique;
– la qualité de la ration et la fonction nourrissage.
Pour le site, les calculs se sont appuyés sur les températures minimales et maximales moyennes journalières  pour le lieu, et sur les équations déduites du modèle Muller-Feuga.


En partant d’un stock de 60 truites de 100g au premier janvier, elles pèsent près de 300g au premier avril pour les plus belles qui peuvent être prélevées. Ces prélèvements se poursuivent à raison de 1 à 2 truites par semaine et amenuisent petit à petit le stock  : 45  truites de 600 g  mi juin; 35  d’1 kg au premier septembre; 17  d’1.5 kg au 15 novembre; 11 de 2 kg au 31 décembre qui seront abattues pour accueillir le nouveau lot de 60 poissons réparti sur les deux bassins. La concentration maximale est de 14 kg  par m3 d’eau de bassin, ce qui est très extensif au regard de la pisciculture en général.

Evolution de la masse totale de truites, selon le nombre de poissons, sur un an

Le nombre de truites ainsi géré conduit théoriquement à une consommation d’aliment autour de 260 g  par jour entre avril et octobre, ce qui est  conforme à l’objectif.

Evolution de la quantité d'aliment journalier

Dans la pratique, après quatre années de fonctionnement

Avec une bonne aération de l’eau, il est possible de monter à 20 -22 kg de truites par m3 d’eau. Par ailleurs les lots se superposent grâce aux deux bassins. En janvier, 90 truitelles de 70 g sont introduites dans un des bassins (5 kg par m3) tandis que l’autre bassin contient 30 truites de 900 g (22 kg/m3). Fin mai, le premier bassin contient 88truites de 300 g (22 kg/m3), et le second bassin 16 truites d’1.7 kg (22 kg/m3) qui vont être rapidement abattues et fumées. Ce qui va permettre de répartir le premier lot sur les deux bassins. En procédant ainsi, la production de truites s’établit autour de 70 kg de truites par an.

Ressources

7 Comments

  1. OLIVIER BURBAN

    bonjour Monsieur Goudeau,
    Merci pour cette page très instructive,
    Quand j’applique la formule proposée pour le taux de croissance, celà diverge assez rapidement. Par exemple une truite qui pèserait 300gr début janvier pèserait déjà 1Kg au 22 janvier avec un taux de croissance quotidien fonction du poids de l’ordre de 7 à 11% quotidien. N’y a t-il pas une erreur dans la retranscription de la formule ? Ou alors ne modèle de Muller Feuga ne serait valable que dans un intervalle de poids de truite assez réduit ?
    Merci par avance pour votre réponse.

    • jcgoudeau

      Bonjour,
      Les formules proposées donnent : taux croissance =(7,4286*PUISSANCE(poids_en_gramme;-0,337))*((-0,0058*T°eau*T°eau)+(0,1731*T°eau)-0,3012)
      Soit pour une truite de 300 g et une eau à 10° : Taux croissance = (7,4286*PUISSANCE(300;-0,337))*((-0,0058*10*10)+(0,1731*10)-0,3012) = 0.92
      Avec un taux de croissance se 0.92% pendant 30 jours, Une truite de 300 g au 01/01 pèserait 300 x PUISSANCE(1.0092;30) = 395 g
      Cela étant ces calculs sont indicatifs et donnent un ordre de grandeur à ne pas prendre à la virgule près!

      • OLIVIER BURBAN

        Merci Mr Goudeau, avec le poids en gramme la formule marche beaucoup mieux ! Belle journée !

  2. victor le garff

    Bonjour,

    Votre site est très intéressant et très instructifs. Vous donner en début d’article le chiffre de 14g de nitrates par kilo de matière fraiche pour les laitues. je souhaiterais savoir si vous aviez des données pour d’autres légumes?
    Victor

    • jcgoudeau

      Bonjour Victor, En lien un tableau du Comifer qui donne les prélèvements en azote en kg par ha pour de nombreux légumes. Première étape transformer l’azote en grammes de nitrates en multipliant par 4400. Puis diviser par les kg de matière fraîche produits à l’Ha . Ainsi pour la chicorée frisée d’automne on trouve 13 g NO3/kg matière fraîche. Pour la fraise 20 g. Pour la tomate 9 à 11g.
      https://comifer.asso.fr/images/pdf/Tableaux/culture%20lgumires%20ctifl.pdf

  3. laurent MONTEL

    Monsieur GOUDEAU, un énorme merci pour le don de votre travail, et sa restitution très accessible au lecteur.
    Pour faire simple, vous avez répondu à bien des questionnements qui me trottaient dans la tête, et notamment, proposé un « pur TP » et une méthode pour dimensionner mon projet. (calculs des besoins potentiels « des plantes », et les rapports proteïne-azote, nitrate-azote, etc, etc…qui vont avec)
    c’est juste formidable, alors encore une fois, merci!
    mon projet d’origine? je me suis rendu compte qu’il ressemblait étrangement au votre.
    Mais comment s’organiser pour tenter humblement de créer l’équilibre, entre la vie dans un bassin de 11m3 , sous une serre de 140m²,adossés à un talus(3m) et attenante à la maison?
    il va falloir penser grand…mais très petit aussi, et mettre en oeuvre par paliers.
    J’y vois tellement plus clair.
    j’espère que le test « grandeur nature » de votre élevage de vers de farine vous donne beaucoup de satisfactions.
    Au plaisir de vous (re-)lire.
    Laurent

    • jcgoudeau

      Merci Laurent. Heureux de partager des résultats et des réflexions au service d’autres porteurs de projet. Côté vers de farine, c’est difficile. Peu d’informations techniques sont disponibles en langue française si bien que je suis inscrit sur deux groupes facebook américains qui distillent beaucoup d’informations intéressantes. J’ai commis quelques erreurs dont je rendrai compte dans un article en début 2019, au moment du bilan « un an après ».

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