Développement durable pour l’aquaponie

Le développement durable territorial est un concept intéressant à utiliser dans l’analyse des systèmes aquaponiques sur un territoire donné, en l’occurrence la France métropolitaine.

« Aquaponie » : un mot valise!

Le  mot « aquaponie » est employé pour nommer des systèmes très différents. Le premier critère de différenciation est la taille : de moins d’un m2 à plusieurs milliers, d’une centaine de litres à plusieurs centaines de m3. Le second est le choix des espèces de poissons et de végétaux produits, ainsi que les intrants retenus .

Puis, pour une taille donné et les espèces choisies, viennent les choix techniques : en extérieur, avec ou sans serre, ou en intérieur, avec ou sans éclairage artificiel. Avec des installations plus ou moins mécanisées et intensives, couplées ou découplées, plus ou moins autonome pour l’énergie et le renouvellement d’eau neuve.

A côté de l’aquaponie vivrière qui produit de l’aliment, on trouve également d’autres conceptions de l’aquaponie. Parfois, elle prend en compte des sensibilités conduisant à ne pas consommer le poisson ou bien à l’élever sur des densités très faibles au nom du bien-être animal. On trouve également des essais de valorisation  des bassins naturels de jardins sur radeaux se rapprochant des techniques originelles. Enfin, existe également une aquaponie « ornementale », qui emprunte beaucoup à l’aquariophilie où l’esthétique prime sur la production.

Tout propos sur l’aquaponie doit donc préalablement préciser de quelle aquaponie on parle.

Les critères de différenciation des systèmes aquaponiques
Les critères de différenciation des systèmes aquaponiques

Les conditions du développement durable de l’aquaponie vivrière sur un territoire

L’aquaponie n’est pas en soi porteuse de toutes les vertus. Une évaluation au regard de concepts comme l’écologie industrielle et territoriale, l’écoconception , l’économie circulaire est nécessaire. Le développement territorial durable constitue une bonne approche synthétique.

Les 6 V du développement durable
Les 6 V du développement durable

Le développement durable de l’aquaponie vu sous l’angle « projet »

Un projet aquaponique, pour être durable, doit être VIABLE, VIVABLE et VERTUEUX.

  • Viable, avec d’une part,des investissements raisonnés, des marchés de proximité à satisfaire et un résultat économique positif au final. Et d’autre part, une consommation énergétique et une consommation en eau neuve  faibles. Avec plus globalement une prise en compte des changements climatiques et sociologiques en cours.
  • Vivable avec création d’emploi. Pour un travail ni pénible, ni dangereux, ni excessif.
  • Enfin vertueux, car équitable dans les relations économiques entre les acteurs et reproductible dans le temps et dans l’espace.

Le développement durable de l’aquaponie vu sous l’angle « porteur de projet »

Les porteurs de projets aquaponiques soucieux d’inscrire leur action dans le développement durable d’un territoire, portent une VISION, des VALEURS et font preuve de VOLONTE pour agir dans le temps long.

  • Le développement de l’aquaponie vivrière, domestique ou professionnelle, permet de produire localement et partout du poisson comestible (le plus souvent de la truite) et en prime, des légumes. Cette activité permet, pour certains, une reconnexion avec l’acte de production. Elle accroît aussi l’autonomie alimentaire. Enfin, elle donne la possibilité de réintroduire du vivant en milieu urbain. Tout ceci permet de réduire la pression sur les océans, surtout si l’on valorise le recyclage de déchets organiques pour la production de protéines d’insectes. Par ailleurs c’est un excellent support d’animation, notamment pour l’enseignement.
  • Les valeurs requises pour un développement de l’aquaponie sont la bienveillance, le partage, l’ouverture à l’innovation. Pour ce faire, le partage des travaux de recherche et des astuces se fait dans un esprit « open », en faisant une place significative au « fait par soi-même ». S’y rajoute l’écoute pour comprendre chaque problématique et chaque envie. Sans oublier d’être également à l’écoute des « idées folles », car certaines sont porteuses d’innovation.
  • Cet engagement s’inscrit dans la durée, le temps long. D’ores et déjà le nombre de projets aquaponiques vivriers en place en France métropolitaine, chez les particuliers et chez les professionnels, est conséquent (probablement supérieurs à 500 en 2021) et en nette croissance.

Exemple de grille d’analyse d’un système aquaponique, sous l’angle du développement durable

Les axes du développement durable comme outil d'analyse d'un système aquaponique
Les axes du développement durable comme outil d’analyse d’un système aquaponique
Description technique d'un système aquaponique en quelques mots
Description technique d’un système aquaponique en quelques mots
La production d'un système aquaponique, en légumes et poissons
La production d’un système aquaponique, en légumes et poissons
Détail des temps de travail dans une installation aquaponique
Détail des temps de travail dans une installation aquaponique
Les préoccupations environnementales liées à l'aquaponie
Les préoccupations environnementales liées à l’aquaponie
Postes de recettes et dépenses dans une installation aquaponique domestique
Postes de recettes et dépenses dans une installation aquaponique domestique

4 Comments

  1. Rephael Boccara

    Les frais de nouriture sont les plus eleves .on a la possibilite aujourdhui de diminuer ces couts.avec des elevages de differents insects

    • jcgoudeau

      Oui. Mais pour conserver,chez la truite, une teneur en acides gras essentiels d’intérêt majeur pour la santé humaine (Acides gras EPA et DHA), une ration à base d’insectes est insuffisante. Il faudrait la complémenter avec des extraits de microalgues (Schizochytrium par exemple). Et cela devient compliqué pour un particulier.

      • Arnaud

        Bonjour,

        Où en êtes vous sur la recherche de souches de micro algues riche en dha et surtout accessibles pour des particuliers ? avez vous par exemple ciblée des variétés d’eau douce intéressantes ?
        Merci et bravo pour vos sources et votre travail de vulgarisation et partage de connaissance précieux !
        Bonne journée,
        Arnaud

        • jcgoudeau

          Bonjour, J’ai momentanément arrêté de travailler ce sujet. Trop de difficultés à maîtriser :
          – les espèces de micro algues intéressantes pour EPA, DHA et ARA sont plutôt des algues marines, qui plus est non commercialisées.
          – La production des acides gras d’intérêt varie avec les modalités de stress appliquée à la microalgue : Itinéraire technique complexe.
          – La récolte des microalgues, hors centifugation, est difficile. Et la centifugation est gourmande en énergie. Eloignée d’une préoccupation développement durable.
          – Enfin l’utilisation avec des protéines de vers de farine suppose de déshuiler les insectes pour diminuer la fraction oméga 6. Des techniques hors de portée d’un particulier.
          Donc, face à ce mur de défis, il reste deux voies:
          – soit nourrir les truites avec des aliments qui ne contiennent pas les acides gras essentiels. Il est possible d’avoir une croissance acceptable pour un particulier mais avec une valeur alimentaire de la truite diminuée pour le consommateur. par rapport à une truite nourrie avec de l’aliment contenant EPA, DHA et ARA
          – soit s’appuyer sur les fournisseurs d’aliments piscicoles qui incorporent une partie d’huile de poissons marins ou des huiles issues des grandes fermes de cultures des microalgues.

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